Latif Coulibaly : Le sang de l’honneur

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“Alors qu’il porte encore les stigmates des violentes manifestations de mars 2021 et de juin 2023, notre pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise”.

Macky Sall

“Je lui ai aussi expliqué que je tenais à partir, en réaffirmant que durant toute ma carrière de journaliste, mon frère, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, n’a jamais été mêlé, ni de près, ni de loin à mon travail, sinon que de lire, à chaque fois qu’il en avait envie”.

Latif Coulibaly

S’il se voulait garant du fonctionnement des institutions, Macky Sall a transformé la collusion Pds-Apr en une guerre des clans contre un individu, sous le couvert de crise d’institutions. L’appel du sang a fait réagir Abdou Latif Coulibaly.

Présidentielle sabotée

De l’Épiphanie à la Chandeleur

La lettre de démission, ce 03 février, du ministre Abdou Latif Coulibaly de son poste fait référence dans la conclusion à son frère ; elle donne une autre dimension à la crise entre le Parti démocratique sénégalais et deux membres du Conseil constitutionnel accusés de collusion avec le candidat de la majorité pour recaler un autre candidat.

L’insistance de ce désormais ancien ministre sur l’esthétique et la morale, dans un entretien avec une radio étrangère, donne une dimension renouvelée à l’honneur, à la dignité dans ce qu’il faut dorénavant percevoir comme une guerre de clans au sein même de la présidence de la République. Si on le dit pro ou anti, il aura la dignité d’assumer son choix, ses amitiés; sa naissance puisque son sang.
La solidarité suspecte de la majorité avec les libéraux doit en effet suggérer d’autres buts inavoués qu’une crise institutionnelle opposant le parlement à la plus haute autorité juridique du pays. A se demander d’ailleurs qui contresignera désormais les décrets présidentiels dans cette période de transition vers une Présidentielle décalée de neuf mois sinon le Premier ministre Amadou Bâ jusqu’à nouvelle réalité, comme il faut se demander qui vérifiera désormais la constitutionnalité des lois si ce n’est ce Conseil constitutionnel voué aux gémonies dont certains sont accusés de corruption et de collusion avec le Premier ministre.

La théorie du report de la Présidentielle est consubstantielle à la déclaration de non-candidature de Macky Sall du 03 juillet 2023 ; les groupes de recherches et prospectives l’avaient déjà sur leurs tablettes.

Boubacar Camara l’a mise sur la place publique à la mi-novembre et le Parti démocratique sénégalais en a permis l’opérationnalisation avec la proposition de loi instituant une commission d’enquête après le rejet de la candidature de Karim Meïssa Wade. Le leader du Parti pour la Construction et la Solidarité (Pcs)/Jengu Tabax avait en effet lancé l’idée que « Le Sénégal n’est pas prêt, il faut reporter la Présidentielle 2024″. Depuis, l’idée trotte dans la tête de gens ulcérés par le choix “imposé” de Amadou Bâ et essayaient par tous les moyens de faire revenir Macky Sall à la maison. La victoire du candidat de la majorité crédité d’une large avance pour le premier tour a précipité les choses et le Sénégal habitué au mariage de la carpe et du lapin a assisté à cette jonction entre Benno et le Pds pour jeter l’opprobre sur une partie des membres du Conseil constitutionnel, injure suprême.

L’équipe de Amadou Bâ avait pourtant théorisé le report de la Présidentielle dès début janvier, à l’Épiphanie, et la vit donc avec hauteur à la Chandeleur. On ne saurait ainsi partir de la liste des candidats à la Présidentielle du 25 février arrêtée par le Conseil constitutionnel pour imaginer un complot visant à écarter un candidat que rien ne prédispose à la tête du Sénégal. La grossière accusation portée contre Cheikh Tidiane Coulibaly a alors semblé la goutte de trop qui a soulevé l’indignation légitime d’un Abdou Latif Coulibaly que l’on sait preux cavalier, défenseur de la veuve et de l’opprimé.

Pathé MBODJE

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