Actuellement, le combat acharné que se livrent à distance le Président Sall et son plus farouche opposant Ousmane Sonko a fini par installer le pays dans un climat délétère qui fait craindre le pire aux populations, partagées entre angoisse, inquiétude et peur du lendemain. Mais, à y regarder de plus près, ce combat qui menace la paix et la stabilité est un combat pour la survie, et malheur au vaincu. Au vainqueur le palais, les privilèges quant au vaincu, il risque la prison. Et le peuple dans tout ça ?
Aujourd’hui, à moins de faire preuve de cécité, d’insouciance ou d’un optimisme béat, il convient de reconnaître que le Sénégal est comme un bateau ivre qui vogue en eaux troubles et dont personne ne sait comment sera l’accostage.
À cause d’un combat acharné que se livrent le Président Sall et son plus farouche opposant, Ousmane Sonko, les populations ont la peur au ventre et sont plus qu’inquiètes sur l’avenir, qui s’assombrit de plus en plus à cause de l’issue qui reste d’être dramatique si rien n’est fait pour ramener les belligérants à la raison.
Une tâche ardue, car ce combat est avant tout un combat de survie, pour l’un comme pour l’autre, avec comme enjeux principaux le palais, les privilèges ou la prison. Pour le pouvoir, Ousmane Sonko lui fait un mauvais procès, car il est étranger à ses déboires judiciaires. Ce que ne veut pas entendre le leader de Pastef, qui dit à qui veut l’entendre que ses démêlés judiciaires sont le fait du pouvoir qui veut l’éliminer vaille que vaille de la compétition présidentielle. Mais, le plus injuste dans cette situation est le fait que ce sont les populations qui sont prises en otage et qui devront payer les pots qu’elles n’ont pas cassés. Car, si les choses dégénèrent ce sont elles qui risquent de payer le plus lourd tribut, vu que laissées à elles- mêmes.
Des populations qui n’en peuvent plus de souffrir à cause de la cherté de la vie et dont leur existence se pose en terme de survie, mais qui devront encore supporter les dégâts collatéraux de ce combat de gladiateurs.
Ce qui accroît cette angoisse et cette peur c’est surtout la détermination des combattants. Le Président Sall est plus que décidé à anéantir son plus coriace adversaire qui, en retour, est plus que décidé à vendre chèrement sa peau. Personne ne fait de cadeau à l’autre, sachant pertinemment que la défaite est interdite, car elle sera fatale au vaincu. Un vaincu qui sera sans nul doute tenu pour responsable de tout ce qui pourra arriver et envoyé en taule. Tous deux aspirent au palais que l’actuel locataire ne compte pas quitter de sitôt, malgré la fin du bail prévue dans un an, alors que son adversaire aspire à le déloger.
Et cette résistance du Président Sall à ne pas céder son fauteuil, aussi facilement, trouve son explication dans le fait que sa gestion n’a pas été des plus transparentes ; et une fois qu’il ne sera plus au pouvoir, la reddition des comptes qu’il a instaurée sous son magistère, suivra son cours normal ; et les nombreux rapports des corps de contrôle qui mettent à nu des malversations financières et qui dorment dans les tiroirs seront dépoussiérés et remis au goût du jour.
Aujourd’hui, personne ne peut nier le fait que la situation de tension et le climat délétère qui prévalent au Sénégal, jadis réputé pour sa paix, sa stabilité et le pacifisme de ses populations, sont de la responsabilité du chef de l’État qui dispose de tous les leviers pour garantir la cohésion nationale, la paix, la sécurité et la stabilité des institutions.
Malheureusement, de par sa propension à instrumentaliser les institutions pour solder des comptes politiciens, le Président Sall est en train de les discréditer. Car, aujourd’hui, une bonne frange des Sénégalais a l’impression que ces institutions ne remplissent plus leur mission, qui est de servir le peuple et non un homme. C’est d’ailleurs ce qui justifie le manque de confiance notée de plus en plus chez les populations à l’endroit de leur justice. Parce qu’aujourd’hui, le sentiment le plus partagé est que les tenants du pouvoir et leurs affidés sont hors de portée des griffes de dame justice. Ils peuvent tout se permettre sans être inquiétés le moins du monde, au moment où les opposants ne sont guère ménagés.
C’est d’ailleurs pour conserver leurs privilèges que les affidés du pouvoir font des pieds et des mains pour que le Président Sall brigue un «second quinquennat».
Quoi qu’il en soit, il est grand temps que les uns et les autres reviennent à la raison, car il ne faudrait surtout pas le Sénégal soit déstabilisé pour des calculs politiciens, parce que condamné par l’histoire à jouer le rôle d’avant-garde qui a toujours été le sien en Afrique et dans le monde. Il a été une référence dans beaucoup de domaines pendant plusieurs décennies grâce à ses ressources humaines de qualité, et il serait vraiment dommage que tout ce qu’on a engrangé au fil des années soit vendangé pour des intérêts partisans.
À bon entendeur…