Ce qui était impensable après la présidentielle de 2012 est en train de se produire. Des responsables ou sympathisants de l’Alliance pour la république (Apr) qui ont toujours juré que Macky Sall ne pouvait pas briguer un troisième mandat changent progressivement de discours. Et de plus en plus de voix se font entendre pour pousser le chef de l’Etat à faire du « wax waxeet ».
Macky Sall, candidat à la présidentielle prévue en 2024 ? Ce qui était impensable, il y a quelques années, devient de plus en plus une probabilité. C’est en tout cas ce que veulent des proches du président de la République. Ces derniers ne mettent plus de gants pour pousser Macky Sall à faire du « wax waxeet » (se dédire). Pour eux, la Constitution permet à l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor de briguer un troisième mandat.
Sur la 7Tv ce mercredi, le journaliste Madiambal Diagne, qui se présente comme un proche du chef de l’Etat, ne cherche pas midi à quatorze heures. Pour lui, la Constitution ne saurait être rétroactive. Autrement dit, rien n’interdit à Macky Sall de se représenter pour une troisième mandat. Toutefois, le patron du groupe de presse « Avenir communication » se garde d’anticiper sur une éventuelle décision du 7 sages du Conseil constitutionnel. D’après lui, seul le Conseil est habilité à dire si ou non Macky Sall peut être candidat à la prochaine présidentielle.
Mais du côté de l’Alliance pour la république (Apr) de Macky Sall, on n’attend pas. Et c’est Awa Gueye, ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale, qui donne le top de départ pour un « wax waxeet » du successeur de Me Abdoulaye Wade. Elle vient de lancer le concept « 2 millions pour 2024 ». Objectif : donner un troisième mandat à Macky Sall. Pour ce faire, elle dit vouloir réunir 2 millions de Sénégalais pour montrer leur soutien à une candidature de Macky Sall. Cette initiative rappelle curieusement celle lancée en 2011 par Aïda Mbodj. Cette dernière avait lancé le concept « Ma carte, ma caution » pour soutenir la candidature contestée du chef du Parti démocratique sénégalais (Pds). Cette candidature de Wade avait été l’aboutissement du fameux « wax waxeet » du pape du Sopi. La suite, on la connait. Au moins une quinzaine de Sénégalais sont morts entre fin 2011 et début 2012. Et beaucoup craignent que les mêmes causes produisent les mêmes effets si Macky Sall se porte candidat pour un 3e mandat.
Pour rappel, élu président à la suite des violences qui ont marqué la présidentielle de 2012, Macky Sall avait juré avoir modifié la Constitution pour mettre un terme aux polémiques sur le nombre de mandats. « J’ai verrouillé la Constitution », aimait-il répéter à plusieurs occasions. « Si les Sénégalais me font confiance en 2019, je ferais mon second et dernier mandat. Et il faudra partir », avait-il promis juste avant la présidentielle de 2019. Ce qu’il a aussi écrit dans son livre « Le Sénégal au coeur » Mais depuis sa réélection en 2019, le chef de l’Apr refuse catégoriquement le débat sur son éventuelle troisième candidature. Mieux ou pire, de plus en plus de voix s’élèvent dans son camp pour le pousser à faire du « wax waxeet ».