Idrissa Seck et ses ministres sortiront de la mouvance présidentielle. Qu’en sera t-il de l’Assemblée nationale?
C’est là une belle et éclaircissante perspective politique.
En effet, fort de sa majorité parlementaire, Macky Sall impose à l’opposition un dialogue politique avec sa formule forte » kou guède sa yaya aayé ».
Le défi moindre des oppositions est de rester sur la bataille pour le respect des principes démocratiques et des valeurs constitutionnelles, de la préservation de leur unité. Dans le même sillage, chaque potentiel candidat doit rester dans la compétition politique. Il y va de la vitalité de notre système démocratique.
Le Pari pouvait être difficile, prédisant ainsi un avenir politique tumultueux pour notre pays. 2012 et les expériences récentes dans les pays de la sous-région ont montré que des pertes en vies humaines pourraient malheureusement en découler. Pour cause, le troisième mandat fait des morts dans tous les pays où le président en exercice l’a inconséquemment tenté.
Dès lors, la sortie d’Idrissa Seck de la majorité présidentielle offre une belle opportunité de trouver une solution parlementaire, donc pacifique, à tous ces facteurs sociopolitiques hautement crisogénes.
Avec les députés de Yewwi, de Wallu, avec aussi Cheikh Bara Doli Mbacke et Mamadou Lamine Diallo évidemment ainsi que les deux députés non-inscrits, Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, il ne fait pas de doute que l’opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés sur 165.
Cela suffira pour voter une loi d’amnistie même si, à mon avis, la meilleure voie n’est pas celle-ci.
Tout de même, une telle majorité, il sera possible de supprimer le mot électeur de l’article 57 du code électorale et modifier les articles 29 et 30.
En effet, lesdits articles sont des lois ordinaires et non des lois organiques ou constitutionnelles. Par conséquent, il est possible de les modifier à la majorité simples des membres de l’Assemblée nationale.
Au demeurant, le sort de Macky Sall et consort sera définitivement scellé. Rewmi et, à sa tête, son président, ont par cette occasion la possibilité d’éclairer l’opinion, affermissant ainsi leur ancrage dans l’opposition.
Cette nouvelle majorité parlementaire – pas politique – donnera également l’avantage d’un contrôle du Bureau de l’Assemblée, et ce, sans toucher au mandat de son président (elu pour 5 ans). On pourra de surcroît s’assurer de l’effectivité d’un équilibre agissant entre les pouvoirs. L’enjeu et les défis sont de taille. Il faudra bien s’y tenir d’ici à la prochaine présidentielle. »
Moussa Tine
Président AD/Pencoo