Affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko : « Pape Ndiaye, un peu de calme… » (Par Adama Gaye)

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Affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko : « Pape Ndiaye, un peu de calme... » (Par Adama Gaye)
Affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko : « Pape Ndiaye, un peu de calme... » (Par Adama Gaye)

Le journaliste Adama Gaye surprend encore avec sa belle plume. Toujours connecté à l’actualité sénégalaise, il donne différents points de vue sur la situation du pays. 

Dans une nouvelle publication intitulée « Pape Ndiaye, pardon, du calme… », Adama Gaye envoie un message fort au célèbre journaliste de Walfadjri, qui est menacé de mort après s’être prononcé sur les contradictions de la jeune masseuse Adji Sarr.

« Dans cette ère tellement trouble, entre une pandémie non-vaincue, une guerre à hauts risques nucléaires et une économie mondiale grippée par l’arrêt de la chaîne d’approvisionnement planétaire, on peut placer le débat sur un scandale sexuel, feint ou réel, qui agite notre pays comme l’un de ces épiphénomènes dérisoires dont il a hélas le secret.

Tel est le Sénégal. Qui n’aime que ces vétilles jusqu’à s’arc-bouter sur les questions de seconde zone, pour ne pas dire ici de fesses. C’est son prisme favori qui se déploie: le buzz, l’éclat, les paillettes, les agitations dans le landerneau des stars, voilà où se trouvent les causes de sa respiration sociétale.

Il n’est donc pas étonnant qu’après la sortie, voici trois jours, d’une des figures les plus médiatisées, en mal, du pays, autour d’une affaire non-encore élucidée autour de ce qu’elle affirme être son propre viol par un acteur politique, figure de proue de l’opposition, le sujet s’emballe à nouveau. Comme si son maintien sur le feu avait une vertu curative pour une société profondément malade, ne comptant que sur des recharges de ce genre pour renflouer ses batteries à plat.

Où se situe la vérité? En prenant le pari de démêler un tel écheveau, le journaliste Pape Ndiaye, auquel ce message est adressé, s’est, sans surprise, retrouvé au milieu d’un champ de mines, menacé, dit-on de mort, s’il ne s’en retire pas sans tarder.

Les appels en ce sens qu’il a reçus, rapportent les messages distillés dans la blogosphère, en disent long sur l’envie de cette soap-opera qui saisit à la gorge tout un pays, depuis bientôt plus de deux ans sans que nul ne sache quand le suc en sera dévidé.

Je ne me prononce pas sur le cas, toujours sur la table d’une Justice Sénégalaise décidément n’avançant qu’à un train de Sénateur au point d’être, là-aussi, suspectée de vouloir en faire une arme de chantage ou-je-ne sais quoi, voire pour des objectifs politiciens par trop abjects.

Le feu s’est intensifié avec la série, concertée, de reportages par de grands médias français, à charge, qui mettent en selle Adji Sarr, l’une des parties au litige au détriment de l’autre dans ce qui n’est qu’une manœuvre de relations publiques qu’un nez pour l’information n’a pas pris longtemps à débusquer.

Qu’une foule déchaînée se soit mobilisée depuis hier nuit pour sauter sur les menaces de mort contre Pape Ndiaye, animateur de la très suivie émission Balance, d’essence judiciaire, sur la télé Walfadjri, ne saurait dès lors surprendre.

C’est comme si, par cette incursion, ses tourmenteurs n’avaient qu’un seul but, celui de redonner, à leur corps défendant, du tonus à une affaire, chaque jour plus inflammable. Et dont ont sait qu’elle a déjà coûté la vie à de nombreux sénégalais, surtout lors des émeutes d’il y a un an quand l’un des protagonistes, en l’occurrence, Ousmane Sonko, fut sur le point d’être mis aux arrêts par une sécurité sous ordres.

Je prends la liberté de parler des menaces contre le journaliste Pape Ndiaye parce que c’est très grave que l’on veuille, en plein 21ème siècle, attenter à la vie d’un journaliste dans ce Sénégal simplement parce qu’il fourre son nez dans ce dossier. Qu’il puisse avoir un parti pris, latent ou patent, ne peut justifier ce qui devrait provoquer de la part de tout Etat digne de ce nom, soucieux de la sécurité de ses citoyens, comme mandat souverain, une réaction à la hauteur de la rupture que la traduction concrète d’une telle menace signifierait.

Or, l’Etat, une fois de plus, est absent. Presque content de sentir que des nrervis de la plume ou des armes se tiennent prêts à faire le sale boulot qu’il ne veut pas apparaître en train d’exécuter…

Il faut donc fermement condamner et rappeler à l’ordre cet Etat-néant, ne jouant plus son rôle dans la fourniture de biens publics en matière de justice, de sécurité, d’équité, de préservation des acquis constitutionnels.

Cela dit, je prends la liberté aussi d’inviter Pape Ndiaye à se démarquer de ces bruits autour de son nom. Trop enfantins. Trop louches même.

Il devrait savoir mieux. Voici quelques-mois, alors qu’il était en prison pour une affaire privée (sur laquelle je ne peux l’exonérer), combien étaient-ils à s’être souciés de son sort parmi celles et ceux qui gesticulent en ce moment, dévalisant les menaces sur lui pour porter un combat qui n’est pas le sien?

Personne ou presque ne parlait plus de lui tandis qu’il se trouvait dans les profondeurs d’un cachot.

Je suis à l’aise pour en parler pour avoir été une voix solitaire à épouser ici, sans arrêt, sa cause, au point que sa propre famille lui a dit de me remercier à sa sortie de prison. Ce qu’il fit d’ailleurs par un message privé…

Si j’avais défendu Pape Ndiaye, c’est parce qu’il méritait de l’être. Sans jamais l’avoir rencontré, je peux affirmer que son talent et la qualité de son émission sont devenus unanimement appréciés dans le pays.

Cela l’est en particulier dans les prisons nationales où j’ai découvert l’homme aux yeux pétillants de curiosité, perspicace et dur à la tâche, dont l’émission du mardi mobilise les détenu (e) s du pays entier. C’est même par elle que la plupart des personnes privées de libertés, pour diverses causes, comptent afin que la lente justice se mette en marche pour les tirer de là où elles se trouvent.

Voir un tel talent être jeté dans une chambre carcérale quand une médiation, de plus en plus usitée dans ce type de litiges commerciaux, pouvait l’en sortir, m’était apparu comme une grande injustice d’une société ne donnant pas une chance à ces citoyen (ne)s ayant encore une capacité de lui apporter de la valeur.

C’est le sens du soutien constant que je lui ai donné. C’est aussi la raison pour laquelle, en le voyant tomber dans ce populisme, malgré la gravité des menaces sur sa personne, justifiant encore une fois une intervention régalienne, il est de mon devoir de lui dire: halte !

Les agité (e) s autour de lui sont les mêmes qui avaient disparu lors de son incarcération d’il y a à peine quelques-mois. Notre pays a besoin surtout de sérennité pour résoudre ses défis, et vouloir se poser en rock-star, à partir de menaces aisément traçables, justiciables, ça traduit un goût d’existence qui s’écarte du professionnalisme froid et ferme -ce qui a fait de lui le journaliste qu’apprécient tant de personnes, dont votre serviteur, et sur qui repose l’espoir de détenu (e) à travers tout le pays.

Pape Ndiaye, un peu de calme…L’affaire Adji Sar-Ousmane Sonko n’est pas une question qu’on doit transformer en spectacle. Que le droit, juste, soit dit. Sans y rajouter ce zeste de folklore et d’extrémisme politicien, de tous bords, qu’on observe depuis son surgissement.
On se calme.

Adama Gaye* est un opposant au régime de Macky Sall. »

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